La production bernoise de l'opéra « Manon Lescaut » de Giacomo Puccini aux Bühnen Bern a généré d'importantes discussions en raison de sa mise en scène non conventionnelle. Les critiques soulignent une déconnexion entre la partition musicale et le récit visuel présenté sur scène, soulevant des questions sur l'interprétation de l'œuvre classique par la metteuse en scène. Bien que le Berner Sinfonieorchester et la soprano principale aient été salués, la direction artistique générale a été qualifiée de problématique.
Points clés à retenir
- La production des Bühnen Bern de « Manon Lescaut » s'écarte considérablement de l'opéra original de Puccini.
- La mise en scène de la directrice Anna Bergmann a créé un récit parallèle, détournant l'attention de la musique.
- Alevtina Ioffe, la nouvelle directrice d'opéra, a dirigé efficacement le Berner Sinfonieorchester.
- Kiandra Howarth, dans le rôle de Manon, a livré une solide performance vocale.
- Les choix de mise en scène, y compris les costumes et les éléments vidéo, ont été largement critiqués.
Une interprétation divergente du classique de Puccini
« Manon Lescaut » de Giacomo Puccini, créé en 1893, fut une œuvre charnière pour le compositeur. Elle marqua sa première percée avant ses opéras plus célèbres comme « La Bohème » et « Tosca ». L'opéra raconte l'histoire de la vie de Manon en quatre actes. Il commence par sa rencontre amoureuse avec le Chevalier des Grieux, un jeune homme sans fortune, à Amiens. Le récit la suit ensuite à Paris, vivant avec le riche Geronte de Ravoir, sa tentative d'évasion avec des Grieux, et sa déportation éventuelle en Louisiane, où elle meurt.
Cependant, la production des Bühnen Bern, mise en scène par Anna Bergmann, a présenté une histoire visuelle radicalement différente. Selon les critiques, la mise en scène s'est écartée du livret pour trois des quatre actes. Cette approche a conduit à un récit parallèle qui a souvent éclipsé la musique et l'intrigue originales de Puccini.
Fait d'opéra
Giacomo Puccini a travaillé avec sept librettistes différents pour « Manon Lescaut » avant sa première, soulignant le développement complexe de l'histoire de l'opéra.
Les choix de mise en scène suscitent de vives critiques
Les trois premiers actes de la production bernoise ont présenté une série d'éléments de mise en scène inhabituels et déroutants. Ceux-ci comprenaient des nonnes vêtues de rouge avec des bonnets blancs, d'étranges scènes rituelles et une pataugeoire sur une scène de salon parisien. Les étudiants de l'opéra étaient représentés comme des soldats portant des uniformes ressemblant à des sacs poubelles. Au troisième acte, une grue, généralement associée à un port, a été utilisée comme potence, et le personnage de l'allumeur de réverbères a agi comme bourreau.
Le départ le plus significatif de l'intrigue originale s'est peut-être produit au troisième acte. Au lieu de la déportation, Manon et des Grieux ont été abattus sur scène. Ils sont ensuite apparus au quatrième acte, errant sur une scène vide, au fond noir. Ce choix a laissé le public deviner si les événements du dernier acte étaient un rêve ou un cauchemar, créant une confusion considérable.
« La production 'Manon Lescaut' aux Bühnen Bern n'a qu'un lien marginal avec l'opéra réel », a déclaré un critique, soulignant l'étendue des changements de direction.
Musique et performance : une note plus brillante
Malgré la mise en scène controversée, les aspects musicaux de la production ont reçu des commentaires positifs. La soirée a marqué les débuts d'Alevtina Ioffe en tant que nouvelle directrice d'opéra. Sous sa baguette, le Berner Sinfonieorchester a interprété la partition complexe de Puccini avec une habileté remarquable. L'orchestre a réussi à capturer le son caractéristique de Puccini, qui va du riche et puissant au délicat et léger. L'instrumentation complexe de Puccini a permis plusieurs solides performances solo des membres de l'orchestre.
Vision du metteur en scène
Les productions d'opéra modernes réinterprètent souvent les œuvres classiques. Les metteurs en scène peuvent viser à mettre en lumière de nouveaux thèmes, à remettre en question les vues traditionnelles ou à rendre l'opéra pertinent pour le public contemporain. Cependant, cette approche peut parfois conduire à des écarts significatifs par rapport au matériau original, suscitant le débat parmi les critiques et le public.
La soprano principale saluée
Kiandra Howarth, qui a assumé le rôle-titre de Manon, a livré une performance captivante. Sa voix chaude, claire et vibrante, avec ses notes aiguës assurées, a été un moment fort de la soirée. Howarth avait déjà impressionné le public du Stadttheater Bern dans le rôle d'Arabella. Son interprétation de Manon a été considérée comme un atout majeur pour la production.
Le ténor face à Howarth, Andeka Gorrotxategi, a reçu une critique plus mitigée. Bien que sa voix ait montré un potentiel pour une qualité héroïque et métallique, son chant a souvent été décrit comme une démonstration de forte incontrôlée avec des notes aiguës tendues. Les critiques ont espéré que cela pourrait être dû au trac de la première plutôt qu'à un problème vocal constant.
- Kiandra Howarth : Saluée pour sa voix chaude, claire et atteignant les aigus dans le rôle de Manon.
- Alevtina Ioffe : Nouvelle directrice d'opéra, saluée pour sa direction de l'orchestre.
- Berner Sinfonieorchester : A livré une solide performance de la partition de Puccini.
- Andeka Gorrotxategi : Ténor dont la performance était inégale, peut-être en raison du trac de la première.
Perspective féministe et récit déconnecté
Les notes de programme de la metteuse en scène suggéraient une « perspective féministe » comme base des réinterprétations. Cependant, les critiques ont soutenu que la mise en scène réelle avait peu à voir avec « Manon Lescaut » de Puccini. Au lieu de cela, elle semblait s'inspirer fortement du roman dystopique de Margaret Atwood « La Servante écarlate », publié en 1985. Cette influence était évidente dans des éléments comme les « nonnes » rouges vues sur scène.
Cette approche, selon l'analyse, a desservi l'œuvre de Puccini. Elle a effectivement séparé la partition musicale de l'action scénique, supprimant toute connexion significative entre la musique et les personnages ou l'intrigue. La production a traité la partition de Puccini presque comme une bande sonore générique, plutôt que comme une partie intégrante de la structure narrative de l'opéra. Les critiques ont suggéré que si une interprétation féministe était l'objectif, un opéra différent, tel que l'opéra « The Handmaid's Tale » de Poul Ruders, aurait pu être un choix plus approprié.
Surcharge visuelle
La production a également incorporé divers formats vidéo. Le premier acte présentait des slogans de fertilité clignotants. Le deuxième acte projetait des images en direct et en grand format de l'action sur la moitié supérieure de la scène. Ces éléments ont été jugés excessifs et distrayants, contribuant au sentiment général d'une présentation encombrée et confuse.
Implications futures et réaction du public
La production se déroule jusqu'au 31 décembre 2025 au Stadttheater Bern. La décision de programmer « Manon Lescaut », dans cette mise en scène spécifique, pour les représentations du réveillon du Nouvel An a également été remise en question. Les critiques suggèrent que Bühnen Bern devrait reconsidérer sa programmation compte tenu de la nature très controversée de la production actuelle.
Le public quittant le théâtre a exprimé sa confusion et son insatisfaction. Les altérations significatives de l'intrigue, combinées aux éléments visuels souvent bizarres, ont créé une expérience que beaucoup ont eu du mal à concilier avec l'opéra original de Puccini. L'accueil critique suggère un besoin de réévaluation concernant la façon dont les œuvres classiques sont interprétées et présentées, en particulier lorsque la mise en scène risque d'aliéner le public du cœur du drame musical.
La question demeure de savoir si de telles réinterprétations radicales servent à revigorer ou à nuire à l'expérience de l'opéra. Pour beaucoup, la production bernoise de « Manon Lescaut » penchait vers cette dernière option, laissant une impression durable d'occasions manquées et de démesure artistique.




