Le directeur de la sécurité de Berne, Alec von Graffenried, a mis en garde contre l'augmentation des mesures de surveillance suite aux récents troubles survenus lors d'une manifestation pro-palestinienne dans la ville. Il souligne que de telles actions pourraient compromettre les libertés fondamentales de tous les citoyens.
Points clés à retenir
- Le directeur de la sécurité de Berne s'oppose à de nouvelles mesures de surveillance.
 - Il insiste sur l'importance d'appliquer les lois existantes de manière cohérente.
 - Les tentatives précédentes de durcir la réglementation des manifestations à Berne ont échoué.
 - Le débat fait suite à une manifestation pro-palestinienne marquée par des affrontements violents.
 
Les autorités bernoises débattent de la sécurité après les récentes manifestations
Le 11 octobre, une manifestation pro-palestinienne à Berne a dégénéré en affrontements violents et en dégradations matérielles. Ces événements ont déclenché un débat à l'échelle de la ville sur la sécurité publique et la réponse appropriée à la violence extrémiste. Plusieurs groupes politiques, notamment issus des milieux conservateurs, ont appelé à des lois plus strictes et à des pouvoirs de surveillance accrus pour les forces de l'ordre et les services de renseignement.
Alec von Graffenried, l'actuel directeur de la sécurité de la ville de Berne, met en garde contre les décisions hâtives. Il estime que la mise en œuvre de mesures plus restrictives mettrait en péril les libertés de tous les habitants, et pas seulement des délinquants potentiels. Sa position met en lumière une tension de longue date entre les besoins de sécurité et les libertés individuelles au sein de la ville.
Fait marquant
Le Conseil municipal de Berne a rejeté à plusieurs reprises au cours des 15 dernières années des propositions visant à durcir la réglementation des manifestations, y compris un article qui aurait permis aux autorités de retirer les personnes refusant de quitter un rassemblement.
Liberté et sécurité : un équilibre délicat
Von Graffenried maintient une perspective libérale sur ces questions. Il déclare qu'il considère de telles mesures avec un œil critique car une surveillance accrue affecterait tout le monde. Il soutient que tenter d'identifier des suspects individuels au sein de grands rassemblements de milliers de personnes est disproportionné.
« Je me place toujours du côté libéral dans de telles questions et considère de telles mesures avec un œil critique », a expliqué von Graffenried. « La liberté a son prix. Par exemple, elle a le prix qu'il n'y a pas de sécurité totale. »
Il a fait référence à l'affaire des fiches de 1989, un scandale impliquant une surveillance secrète généralisée des citoyens suisses. Cet événement historique rappelle le potentiel d'abus de pouvoir du gouvernement et l'importance de protéger les libertés civiles. Le directeur de la sécurité estime que la société doit se demander quelle part de liberté elle est prête à sacrifier pour la sécurité contre les actions de quelques-uns.
Contexte historique : l'affaire des fiches
L'affaire des fiches fait référence à un scandale qui a éclaté en Suisse en 1989. Il a révélé que la police fédérale suisse et les autorités cantonales avaient secrètement compilé des centaines de milliers de dossiers sur des citoyens, des militants politiques et des organisations. Cette opération de surveillance de masse a provoqué une indignation publique généralisée et a conduit à d'importantes réformes des lois suisses sur le renseignement, mettant l'accent sur la protection de la vie privée et des droits civiques.
Application des lois existantes : l'approche privilégiée
Bien que von Graffenried condamne fermement les actes de violence survenus lors de la manifestation, il ne considère pas des lois plus strictes comme la solution principale. Au lieu de cela, il préconise l'application cohérente et rigoureuse des cadres juridiques existants. Il estime que les lois actuelles sont suffisantes si elles sont correctement appliquées.
À Berne, ville au paysage politique historiquement de gauche, les propositions de réglementations plus strictes ont souvent rencontré une résistance significative. Von Graffenried a souligné que les tentatives de modifier les règlements sur les rassemblements ont été rejetées à plusieurs reprises au cours des quinze dernières années. Cela inclut un article proposé qui aurait habilité les autorités à retirer les personnes qui refusaient de quitter une manifestation après avoir été invitées à le faire.
Points de vue divergents parmi les politiciens bernois
La position de von Graffenried contraste avec celle de son prédécesseur, le conseiller national Reto Nause. Nause, membre du parti du Centre et ancien directeur de la sécurité de Berne jusqu'en 2024, est un fervent défenseur de mesures de sécurité plus strictes. Il a appelé à une surveillance plus étroite des groupes extrémistes, en particulier de la scène de la gauche violente.
Nause suggère que les mesures nécessitant une autorisation, telles que les écoutes téléphoniques, devraient être étendues aux groupes politiquement extrêmes. Cette divergence d'opinions met en évidence le débat en cours au sein des cercles politiques bernois concernant l'équilibre entre la sécurité et les droits individuels.
« La scène de la gauche extrémiste violente doit enfin être étroitement surveillée », a déclaré Reto Nause après les troubles.
Malgré ces points de vue divergents, von Graffenried ne se sent pas menacé dans son rôle. Il a noté que Reto Nause respecte la division des responsabilités. Nause est maintenant président de l'Alliance pour la sécurité, où il défend ses propositions.
Soutien aux entreprises et considérations futures
Les exigences conservatrices vont au-delà de la sécurité pour inclure un soutien économique aux entreprises touchées. Le parti de Nause a proposé un fonds de soutien pour les entreprises impactées par la manifestation, principalement financé par la ville. Von Graffenried a exprimé une approche prudente à cette idée.
Il a indiqué que le gouvernement de la ville étudierait la nécessité d'un tel fonds et la manière dont il pourrait être mis en œuvre et financé s'il y avait des signaux clairs de la part des personnes concernées. Cependant, il a également noté que les dommages matériels causés par le vandalisme sont généralement bien couverts par l'assurance bâtiment et les assureurs privés.
Cette discussion souligne les défis multiples auxquels Berne est confrontée, alors que les autorités naviguent entre les préoccupations de sécurité publique, les libertés civiles et les impacts économiques suite aux récents troubles.




