Un sentier pédestre populaire de 700 mètres le long de l'Aar à Muri, en Suisse, est devenu le centre d'un débat politique et environnemental houleux. Après que l'érosion de la rivière ait forcé sa fermeture, une pétition locale pour sauver le sentier se heurte aux lois cantonales et fédérales de conservation, impliquant des hauts fonctionnaires et divisant la communauté.
Le sentier informel, utilisé pendant des décennies par les nageurs et les marcheurs se déplaçant entre le Muribad et le pont d'Auguetbrücke, a été officiellement fermé par la municipalité pour des raisons de sécurité. Les fortes pluies estivales ont depuis rendu le sentier complètement impraticable, obligeant les résidents à utiliser un itinéraire de gravier alternatif et déclenchant une controverse locale importante.
Points clés à retenir
- Un sentier pédestre de 700 mètres le long de la rivière à Muri a été fermé en raison d'une grave érosion par l'Aar.
- Une pétition pour sauver le sentier, initiée par le politicien Julien Reich, a recueilli environ 3 000 signatures.
- Le sentier est situé dans une plaine inondable protégée au niveau fédéral, où la construction est fortement restreinte par le plan cantonal de gestion de l'eau.
- Le conseil municipal de Muri déclare n'avoir aucune autorité légale pour intervenir, tandis que les fonctionnaires cantonaux suggèrent que toute action nécessiterait l'approbation fédérale.
- Le litige met en évidence un conflit entre l'utilisation récréative locale, la politique environnementale et les tensions politiques.
La fermeture du sentier suscite l'indignation de la communauté
Pendant de nombreuses années, le sentier a servi de lien vital dans une zone de loisirs locale. Sa fermeture avant la saison estivale a choqué de nombreux résidents qui en dépendaient pour accéder à l'Aar. La situation s'est aggravée après de fortes pluies en juillet, qui ont emporté d'autres sections du sentier, le rendant inutilisable.
En réponse à la fermeture, Julien Reich des Jeunes Libéraux a lancé une pétition exigeant des mesures immédiates pour sécuriser le sentier à long terme. L'initiative a rapidement pris de l'ampleur, recueillant initialement 1 500 signatures, puis atteignant environ 3 000, ce que Reich décrit comme un « signal fort de la population ».
L'inquiétude du public a été amplifiée par de nombreux articles et lettres dans les médias locaux, reflétant l'importance du sentier pour la communauté. Cependant, la voie à suivre est compliquée par un ensemble de réglementations environnementales.
Contraintes légales et environnementales
Le cœur du conflit réside dans l'emplacement du sentier. Il traverse une plaine inondable désignée comme zone d'importance nationale, soumise à des règles de protection strictes. Selon Gabriele Siegenthaler Muinde, conseillère municipale de Muri-Gümligen pour l'environnement et l'énergie, ces réglementations sont contraignantes.
« Muri-Gümligen a accepté le plan cantonal de gestion de l'eau il y a treize ans », a déclaré Siegenthaler Muinde. Elle a expliqué que ce plan permet explicitement à la dynamique naturelle de la rivière de façonner le paysage, ce qui inclut l'érosion. « Le plan est qu'une zone inondable se développe ici », a-t-elle ajouté, soulignant que les mains de la municipalité sont légalement liées.
Comprendre le plan de gestion de l'eau
Le plan cantonal de gestion de l'eau (Wasserbauplan), approuvé en 2012, vise à restaurer les processus fluviaux naturels et à améliorer la biodiversité dans des zones désignées comme la plaine inondable de Haldenau. Un objectif clé est de laisser des rivières comme l'Aar remodeler naturellement leurs rives, ce qui entre souvent en conflit avec le maintien d'infrastructures fixes comme des sentiers ou des murs.
Siegenthaler Muinde a également souligné que le sentier lui-même n'a pas de statut protégé officiel. Une note cantonale de 2012 concernant le plan mentionnait seulement que la rive devait rester accessible, mais précisait que le sentier ne serait « toujours praticable », impliquant aucune garantie de préservation.
Les tensions politiques montent
Le débat a évolué en une impasse politique. Christoph Neuhaus, président du gouvernement cantonal, a suggéré que la question est utilisée à des fins politiques. Lors d'une manifestation d'information publique, il a commenté la rhétorique croissante.
« J'ai lentement le sentiment que M. Reich politise sans merci pour prendre le conseil municipal à partie », a déclaré Neuhaus, accusant le pétitionnaire d'utiliser le sentier comme un outil dans la politique locale.
Reich nie ces allégations, arguant que le large soutien à sa pétition démontre une véritable préoccupation publique. Lui et d'autres partisans, y compris un groupe d'intérêt formé avec le géologue Ueli Gruner, l'avocat Thomas Helbling et l'ancien rédacteur en chef Peter Ziegler, estiment que les autorités ont mal évalué le pouvoir érosif de l'Aar.
« Si nous n'agissons pas maintenant, les interventions dans la nature et les conséquences financières seront disproportionnellement plus importantes plus tard », a soutenu Reich. Le groupe appelle à l'arrêt du plan actuel de gestion de l'eau, affirmant qu'il entraînera des dommages irréversibles à la flore et à la faune de la plaine inondable.
Explorer des solutions potentielles
Les défenseurs du sentier critiquent le gouvernement pour ne pas avoir envisagé des méthodes de stabilisation moins invasives. Reich a suggéré que des « mesures douces », telles que le placement de grosses souches près de la rive, pourraient aider à réduire l'érosion sans nécessiter de constructions massives.
Cependant, les fonctionnaires maintiennent que toute intervention serait significative. « Si vous voulez préserver le sentier à moyen ou long terme, cela nécessitera probablement des mesures structurelles massives », a déclaré Siegenthaler Muinde, réitérant que même de petites actions sont incompatibles avec le plan existant.
Figures clés du débat
- Julien Reich (Jeunes Libéraux) : Mène la pétition avec 3 000 signatures pour sauver le sentier.
- Gabriele Siegenthaler Muinde (Forum) : Conseillère municipale de Muri, soutient que les plans légaux empêchent toute intervention.
- Christoph Neuhaus (UDC) : Président cantonal, suggère que la question est politisée et qu'une approbation fédérale est nécessaire pour toute construction.
Prochaines étapes et obstacles fédéraux
Le parlement municipal de Muri doit discuter de la pétition le 21 octobre. L'issue reste incertaine, compte tenu du pouvoir limité du gouvernement local en la matière.
Christoph Neuhaus a clarifié la position du canton, déclarant que si les fonctionnaires ne sont pas fondamentalement opposés aux mesures, le processus est complexe. « La municipalité a accepté les plans directeurs, et ils sont contraignants », a-t-il expliqué. « Nous pouvons construire, mais nous avons besoin d'un permis pour cela. »
Selon Neuhaus, la responsabilité incombe à la municipalité de demander cette approbation. Toute proposition de construction de structures de protection devrait être soumise à l'Office fédéral de l'environnement pour autorisation, un processus sans issue garantie. Cela place l'avenir du sentier bien-aimé dans un état d'incertitude juridique et politique.