Un comité interpartis a lancé un référendum pour contester le crédit de planification de 15,7 millions de francs suisses destiné à la rénovation complète du Kunstmuseum Bern. Le groupe, composé de politiciens des partis UDC, UDF et PVL, estime que le coût total du projet de 147 millions de francs est excessif et financièrement irresponsable.
Points Clés
- Un référendum a été lancé contre le crédit cantonal pour la rénovation du Kunstmuseum Bern.
- Les opposants qualifient le projet de 147 millions de CHF de "luxe" et remettent en question le rapport coût-bénéfice pour les contribuables.
- Le Canton de Berne devrait contribuer à hauteur de 81 millions de CHF, soit 55% du coût total.
- Les responsables du musée avertissent qu'un référendum réussi compromettrait 37 millions de CHF de fonds privés et retarderait des réparations urgentes.
L'opposition politique dénonce des coûts élevés
Un comité politique a formellement lancé un référendum contre les fonds cantonaux alloués à la rénovation majeure du Kunstmuseum Bern. Dans un communiqué publié mercredi, le comité, nommé "Non au projet de luxe à plusieurs millions Eiger", a critiqué l'ampleur et la structure financière du projet. Le groupe cible spécifiquement le crédit de planification de 15,7 millions de CHF approuvé par le parlement cantonal.
"Le projet prévu dépasse toute mesure raisonnable", a déclaré le comité, soulignant que le canton supporte la quasi-totalité du fardeau des coûts de planification initiaux. Ils soutiennent que cela crée un dangereux précédent pour la gestion globale du budget du projet.
Inquiétudes concernant le financement cantonal et le rôle de la Ville
Les partisans du référendum sont particulièrement critiques de l'engagement financier total du canton. Le Canton de Berne devrait fournir 81 millions de CHF sur le coût total du projet de 147 millions de CHF. Le comité met en garde contre un potentiel "gouffre sans fond", exprimant son scepticisme quant à la possibilité de maintenir le budget.
"Il n'y a aucune sécurité de planification que les coûts totaux puissent réellement être respectés", a poursuivi le communiqué du comité. Le rôle de la Ville de Berne a également suscité des critiques. Les opposants soulignent que si le canton est le principal financeur, la ville ne contribue pas aux coûts de construction. Au lieu de cela, elle fournit un bâtiment qui nécessite lui-même une rénovation distincte de 19 millions de CHF.
Détails du projet "Eiger"
La proposition gagnante, nommée "Eiger", implique une approche multifacette pour moderniser le complexe muséal. Le plan comprend :
- Une rénovation complète du bâtiment historique Stettler.
- La démolition du bâtiment Atelier-5 et la construction d'un remplacement moderne.
- La rénovation d'un bâtiment adjacent au Hodlerstrasse 6.
Appel à un réalignement stratégique
Au-delà des préoccupations financières immédiates, le comité plaide pour une stratégie culturelle plus intégrée pour Berne. Ils ont appelé à une "planification intégrative du Kunstmuseum et du Zentrum Paul Klee (ZPK) pour exploiter les synergies et éviter les doublons".
Le groupe a noté que le ZPK nécessitera également des investissements importants s'élevant à "plusieurs dizaines de millions" dans les années à venir. Ils estiment qu'une approche conjointe pourrait conduire à une utilisation plus efficace des fonds publics. Le comité a présenté la question comme une question de priorités.
"En période d'augmentation des dépenses pour l'éducation et les services sociaux, il est intenable de diriger les recettes fiscales vers des bâtiments de prestige", a soutenu le comité. "Dans l'art, l'impact est créé non par le béton et les millions, mais par l'esprit, l'ouverture et la volonté d'expérimenter."
Le musée défend le projet comme urgent et nécessaire
Jonathan Gimmel, président de la Dachstiftung Kunstmuseum Bern – Zentrum Paul Klee, a fermement réfuté les affirmations de l'opposition. Dans une réponse à l'agence de presse Keystone-SDA, Gimmel a déclaré que la rénovation était loin d'être un "projet de luxe".
"L'état du musée est très mauvais", a expliqué Gimmel. "La rénovation est urgente et incontestée, et le renouvellement est modéré." Il a rassuré le public sur l'engagement du musée envers la responsabilité fiscale, soulignant que la contribution de 81 millions de CHF du canton est soumise à un plafond de coûts strict.
Répartition du financement
Le coût total du projet de 147 millions de CHF devrait être couvert par plusieurs sources :
- Canton de Berne : 81 millions de CHF (55%, avec un plafond de coûts)
- Sources privées : 66 millions de CHF (45%) provenant de donateurs privés, de fondations, d'entreprises et du fonds de loterie.
Avertissement de risques financiers et de réputation
Gimmel a mis en garde contre de graves conséquences en cas de succès du référendum. Il a confirmé que 37 millions de CHF de dons privés déjà promis seraient perdus, car ces fonds sont liés au plan de projet actuel. Cela obligerait le canton à supporter seul le coût total de tout futur effort de rénovation.
"Un nouveau projet devrait être développé", a déclaré Gimmel, impliquant des retards importants et des coûts potentiellement plus élevés. Il a souligné que le plan actuel est l'aboutissement d'un processus de plusieurs années impliquant une consultation approfondie avec les parties prenantes politiques, économiques et sociales, et bénéficie d'un large soutien transpartisan.
Gimmel est convaincu que l'inaction représente une menace plus grande. "Sans renouvellement, le Kunstmuseum perdrait progressivement de son importance", a-t-il conclu, décrivant la collection comme un trésor culturel vital pour l'identité du Canton de Berne.
Approbation parlementaire et prochaines étapes
Le parlement cantonal avait précédemment signalé son soutien au projet. Lors de sa session d'automne en septembre, le parlement a approuvé le crédit de planification de 15,7 millions de CHF par un vote décisif de 91 voix pour, 44 contre et 16 abstentions.
Le lancement du référendum transfère désormais la décision du parlement aux électeurs. Le comité devra recueillir le nombre requis de signatures valides pour forcer un vote public sur le financement, ce qui déterminera finalement l'avenir des ambitieux plans de rénovation du Kunstmuseum.




